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Les Voies de Jeanne
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1 mars 2010

Louise Michel, La Rebelle

Le samedi 6 mars sur France 3 et dans les salles à partir du 7 avril, un film de Solveig Anspach avec Sylvie Testud va rendre homage à Louise Michel la rebelle.

La réalisatrice Solveig Anspach (Haut les Cœurs !, Made in the USA, Stormy Weather, Back Soon) avoue qu’elle ne connaissait pratiquement rien de Louise Michel, de la Commune de Paris ou de la Nouvelle-Calédonie quand le producteur Jacques Kirsner lui a proposé de faire ce film. ''Le peu de choses que je savais sur la Commune, c’est mon père qui me l’avait appris quand j’étais enfant, comme il m’avait aussi raconté l’histoire de Rosa Luxembourg.''

Subtilement, elle a su mettre en valeur les multiples talents de Louise Michel (1830-1905), cette formidable combattante anarchiste, féministe, antiraciste et anticolonialiste qui était par ailleurs institutrice, botaniste, ethnologue, poétesse, infirmière… ''Ce qui est passionnant avec Louise Michel, c’est que cette femme est totalement moderne, à l’écoute du Monde qui l’entourait, des gens et de la Nature. Ce que nous avons essayé de faire avec Sylvie, c’est de révéler la part de Louise Michel qui peut raisonner en nous, faire qu’on pourra s’identifier à elle, et donc se sentir à sa place ? ''

Les premières secondes du film nous ramènent au procès de Louise pour son ardente participation à la Commune de Paris (18 mars – 28 mai 1871). Malgré les massacres de la Semaine Sanglante qui avaient réprimé la révolte du peuple, les bouchers versaillais n’étaient pas rassasiés et souhaitaient en finir avec les instigateurs de la Commune. Les survivants risquaient gros. Louise fut condamnée à la déportation en Nouvelle-Calédonie.

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Après un long périple sur le Virginie, la déportée Louise Michel arriva sur la presqu’île de Ducos en 1873. En métropole, c’était la débandade. Gustave Flaubert, Théophile Gauthier, Georges Sand et consorts crachaient sur la Commune. Le décor calédonien est paradisiaque, mais pas pour tout le monde. Brutalités, exécutions, privations de nourriture, censure… rythmaient les semaines des déporté-e-s. Habillée en noir, ''parce que je porte le deuil de la Commune'', Louise Michel soignait les hommes, les animaux… et les plantes. Elle affrontait militaires et curés, « l’homme ne sera jamais libre tant qu’il n’aura pas chassé Dieu de sa raison ». Les déportés politiques qui prêtaient main forte à l’armée pour mater la révolte des Kanaks la remplissaient aussi d’horreur et de dégoût, ''parfois je désespère de l’être humain ''.

Amie et solidaire des Kanaks, Louise apprit leur langue et leurs coutumes. Elle alla jusqu’à publier des légendes kanakes. Son rêve, inaccompli, était d’ouvrir une classe mêlant enfants européens et mélanésiens. Les mentalités n’étaient pas prêtes. À la fin de son séjour forcé, consacrant sa semaine aux écoliers blancs de Nouméa, la « dame aux chats » réserva donc ses dimanches aux « nuées » de jeunes kanaks. Elle se lia également avec les révoltés kabyles déportés. De son exil, Louise écrivait beaucoup. À Victor Hugo avec qui elle correspondait depuis sa jeunesse. À Georges Clémenceau qui milita pour l’amnistie des Communards... avant de devenir ministre de l’Intérieur. Plus tard, le furieux Tigre  réprimera dans le sang la révolte des vignerons en 1907 et les grévistes de Draveil en 1908. Le film nous la montre écrivant aussi au président de la République pour l’insulter tous les 28 du mois en mémoire de son compagnon Théophile Ferré qui fut exécuté le 28 novembre 1871.

Après l’amnistie générale de juillet 1880, la colère de Louise Michel ne se calma pas. Entre congrès et meetings anarchistes européens, manifestations de chômeurs et séjours en prison, éditions de livres et rédaction d’articles, sa vie fut tumultueuse. Elle mourut à Marseille le 5 décembre 1905 au retour d’une série de conférences en Algérie. Promesse faite aux insurgés kabyles rencontrés en Nouvelle-Calédonie. Cent vingt mille personnes bouleversées suivirent son enterrement. Révolutionnaire et romantique, l’Insoumise assurait que ''la révolution sera la floraison de l’humanité comme l’amour est la floraison du cœur''.

Solveig Anspach commente ''J’ai l’impression que la Commune et Louise Michel  résonnent très fort aujourd’hui. Elle dit des choses qui font écho à ce que vivent aujourd’hui les gens au quotidien, pas seulement les femmes, mais les gens dans la misère, les ouvriers, les travailleurs ou les sans-papiers.'' Tournée en Nouvelle-Calédonie (un choix symbolique très fort) avec des acteurs Kanaks dans le rôle de leurs ancêtres, le film de Solveig Anspach est une fiction intelligente portée par l'interprétation de Sylvie Testud.

En 2010, les aspirations égalitaires de la militante qui n’était ni vierge ni rouge résonnent encore dans ce monde hanté par des pouvoirs médiocres et criminels. ''Le pouvoir est maudit et c’est pour cela que je suis anarchiste'', résumait Louise Michel. CQFD.

Louise Michel la Rebelle, un film de Solveig Anspach avec Sylvie Testud, Nathalie Boutefeu, Bernard Blancan, Alexandre Steiger, Augustin Watreng, Éric Sauvion-Caruso… d’après un scénario original de Jacques Kirsner et Michel Ragon. Durée 1h30.

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